Détails : | Etude sur l'islam en Algérie
Marabouts et khouan : étude sur l'islam en Algérie : avec une carte indiquant la marche, la situation et l'importance des ordres religieux musulmans
Le mot khouan, qui signifie littéralement frères, est le titre qu’échangent entre eux les membres des diverses congrégations religieuses de l’islamisme. Ces ordres se distinguent les uns des autres par le rituel et les exercices pieux qu’ils prescrivent ; mais ils sont tous basés sur la plus pure orthodoxie. Chaque ordre porte le nom de son fondateur : c’est toujours un saint personnage, un marabout, qui a reçu en songe ou directement les ordres de Mahomet pour l’institution d’une société pieuse ; le prophète a daigné lui révéler le trik, c’est-à-dire la voie (ou, comme on dirait dans le catholicisme, la règle) qu’il faut suivre, la formule de prières qu’il faut observer pour devenir particulièrement agréable à Dieu. Suivant le langage symbolique des Orientaux, pour exprimer qu’on devient khouan, qu’on entre dans un ordre religieux, on dit : prendre la rose de tel marabout. Deux Algériens, se rencontrant dans la rue, se diront par exemple : « Quelle rose portes-tu ? — La rose de tel ordre (en désignant le saint fondateur). » Ou bien, si l’un des interlocuteurs n’est engagé dans aucune association, il répondra : « Je ne porte aucune rose ; je suis seulement serviteur de Dieu, et je le prie pieusement. » Par une analogie singulière, et qui pourrait tromper les étymologistes, le mot rose, en arabe, se dit ouard, et les indigènes le prononcent à peu près comme le mot ordre, ordo.
(Source Les Khouan : moeurs religieuses de l'Algérie, A. Cochut, Revue des Deux Mondes T.14 1846)
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1884, Louis Rinn
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