Détails : | Attention : téléchargement non autorisé dans certains pays. Lire la note sur le droit d'auteur. Auteur décédé en 1951
Date de publication du livre: 1939
Edition électronique Classiques des Sciences Sociales
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Avant-propos de l'auteur:
On a rassemblé dans le présent recueil des Propos d'Esthétique qui sont, les uns antérieurs au Système et qui y conduisent, les autres postérieurs au Système et qui le confirment sans s'y rattacher directement. Les difficultés qu'on y trouvera ne barrent point la route, au contraire elles montrent souvent plus d'un chemin ; et en effet il y a plus d'un chemin. Il ne faut pas se tromper au Système ; ce qu'on y aperçoit de vrai est un contact et une convenance de la prose avec les belles œuvres. Dès qu'on s'approche familièrement de l'édifice, de la statue ou du dessin, dès que les fières œuvres ne repoussent plus l'idée, la réflexion a fait tout ce qu'elle pouvait. Le lecteur remarquera aisément que la poésie était sous ce rapport le plus résistant des arts, la poésie, et par conséquent la prose qui en est l'opposé. Tous les progrès de la doctrine des Beaux-Arts m'avancèrent du côté de la poésie, qui fut ainsi le juge de l'esthétique. Car la poésie défie le commentaire. C'est l'éloquence qui conduit à comprendre la poésie ; la musique éclaire comme il faut ces deux arts.
Parmi les Propos de la première époque (celle qui précéda les livres), il s'en est trouvé qui perçaient tout seuls jusqu'au voisinage des œuvres. On rencontrera dans ce qui suit tous les essais de ce genre. On sait que les lettres de Michel-Ange disaient fort peu de chose sur le beau, sur l'expression, sur l'harmonie, et beaucoup sur le marbre et le travail des carriers. Il fallait suivre ces sévères pensées. J'ai conduit les miennes d'après cette sérieuse leçon du Grand Artiste et, par ces préparations, je me suis trouvé capable de concevoir et d'écrire le Système des Beaux-Arts. Ce fut pendant la guerre que de grands loisirs me permirent d'exécuter ce projet très ancien. Il s'agissait de faire la place du Beau dans l'Histoire des Hommes. Hegel m'y invitait par sa succession admirable : l'Art, la Religion, la Philosophie. C'était une partie de la doctrine de l'Esprit retrouvé dans la nature. Je ne tentai pas de refaire ce travail, un peu trop métaphysique pour mon goût. Ce que je cherchais, c'était exactement une physique des œuvres d'art, c'est-à-dire un moyen de saisir la beauté de près, et non pas comme signe d'autre chose, mais comme signe d'elle-même.
Ceux qui s'intéresseront à cette longue recherche seront bien aise de connaître des essais aveugles, c'est-à-dire qui cherchent le but à tâtons,
Aveugle aux doigts ouverts évitant l'espérance !
Avril 1939
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